Strasbourg, future ville « zéro déchet » ? C’est le pari ambitieux que l’Eurométropole s’est lancée après avoir remporté l’appel à projet « territoire zéro déchet, zéro gaspillage » enclenché par le Ministère de l’Ecologie. Ça fait rêver, mais qu’en est-il vraiment ?
Savez-vous qu’en France aujourd’hui, un habitant produit environ 354 kg d’ordures ménagères par an ? (d’après le CNIID). Et cela, sans compter tous les déchets produits par l’industrie, le BTP et tout ce qui se trouve en amont de ces déchets ménagers. En fait si l’on tient compte du total global des déchets produits en France, on arriverait grosso modo à 14 tonnes de déchets par an et par habitant … Alors imaginez à l’échelle de la planète … C’est juste hallucinant ! Et pour justifier ces chiffres, il suffit de les comparer avec le nombre de sacs poubelles que l’on remplit chaque semaine, à la maison comme au boulot… Et j’avoue que nous, on en jette des choses … Beaucoup trop …
Mais pour qu’une ville devienne « propre » suffit-il que des élus mettent en place une politique plus soutenue de gestion et de tri des déchets ? Evidemment non. Concrètement, les efforts doivent être fournis, certes d’une part par les autorités et responsables pour imposer un nouveau système de collecte, de recyclage … mais surtout par les usagers de la ville (habitants, services, distribution, industries, etc) qui consomment, et donc sont la principale source de ces déchets.

Infographie réalisée par le collectif Zéro Waste
Je ne vous apprends rien, c’est à nous d’agir. Mais, réduire ses déchets n’est pas une chose facile. D’une part parce que tous les produits que l’on consomme traditionnellement contiennent des emballages (pour des raisons d’hygiène, de conservation et surtout de marketing), d’autre part parce que les « soi-disant efforts » des grandes surfaces sont peu visibles voire inexistants. Il faut enfin reconnaître que cela nous pousse à changer nos habitudes
, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on a un emploi du temps bien serré et une routine bien rodée.
Il existe pourtant des solutions faciles et mises en avant depuis longtemps, notamment par le collectif Zero Waste (anciennement CNIID cité plus haut) et tous ceux qui militent aujourd’hui pour la réduction des déchets sur la planète. Je vous propose donc de faire un petit tour d’horizon des pratiques que j’essaye, à ma minuscule échelle, d’adopter au quotidien dans notre petit chez-nous – je dis bien que « j’essaye », car c’est difficile de s’y tenir H24, mais elles me donnent l’impression d’être utile et de contribuer à quelque chose. Wait and see .. ;)
1. Lutter contre le suremballage …
Ça, ça fait longtemps qu’on le dit et pourtant … ce n’est pas forcément la mesure la plus facile à mettre en place puisqu’à peu près tout ce que l’on achète est emballé dans du plastique. Pourtant comment ne pas être consterné au supermarché devant des légumes – souvent bio qui plus est! – emballés individuellement dans des sacs plastiques pour qu’on ne les confonde pas avec les autres ?!
Solutions :
- Ne consommer que des produits présentés en vrac, frais et non industriels !
- Privilégier des produits emballés dans du carton ou regroupés dans un emballage unique.. A la maison, les conserver dans des boites hermétiques – en verre ou en métal – pour qu’ils s’altèrent moins vite.
- Éviter donc les produits emballés deux ou trois fois (c’est souvent le cas des goûters pour enfants).
- Privilégier les boissons consignées ! Nous avons la chance de vivre en Alsace qui s’inspire beaucoup du modèle allemand. La bière, la limonade, les jus et l’eau minérale peuvent s’acheter dans des bouteilles consignées (qui seront ensuite réutilisées). Je ne comprends pas que ce principe ne se soit pas encore démocratisé en France …
2. Mettre fin à l’usage des sacs plastiques …
Pour une fois, le Gouvernement nous aide un peu puisque, dans quelques jours, les sacs plastiques seront définitivement bannis de nos supermarchés (sauf pour la viande, le fromage et le poisson – question d’hygiène). C’est une petite révolution – même si la France reste très en retard sur ses voisins européens. Ces sacs seront remplacés par des sacs en carton kraft – et payants. Vous ne vous passerez donc plus de vos cabas ou tote bags pour vos courses et c’est tant mieux !
Solutions :
- Avoir toujours un ou deux cabas dans le coffre de sa voiture ou dans son sac à main pour éviter d’en racheter systématiquement en caisse
- Emporter un tote bag vide pour faire du shopping. Refuser les sachets dans les magasins. Pendant les soldes c’est hyper pratique, si si, on a les mains libres !
- Coller directement les étiquettes de pesée sur les fruits et légumes au supermarché … (si cela est possible évidemment, sur des framboises c’est plus compliqué ^^)
3. Cuisiner soi-même … et surtout des produits frais
L’un des meilleurs moyens de lutter contre les déchets est de cuisiner. Je ne vous dis pas ça pour défendre ce que j’adore, mais parce que c’est sensé. Les produits industriels sont tous suremballés, surtout les plats-cuisinés ! Entre le carton, la barquette en plastique, le film protecteur, parfois la fourchette en plastique … Quel gâchis !
Solutions :
- Privilégier au maximum le fait-maison ! (Vos enfants seront tellement heureux de pouvoir emporter vos propres cookies au goûter. Ooouh les crâneurs).
- Préparer ses lunch-boxes à l’avance pour les emporter au boulot. (Parfois je les fais même le dimanche soir pour toute ma semaine, ou au moins trois jour)
- Faire ses courses au minimum une fois par semaine et n’acheter que le nécessaire pour limiter les pertes et le gaspillage. Les grosses courses pour le mois, c’est révolu !
- Trouver des recettes originales pour recuisiner vos restes et ne rien jeter (ex : faire du pain perdu ou des croûtons avec du pain un peu rassis, un gâteau au yaourt ou une quiche avec un reste de fromage blanc …)
- Manger les fruits et légumes dans leur intégralité (ex : la peau des courgettes, les fanes de radis ou de carottes, l’okara de vos fruits secs, les graines de vos potirons … La merveilleuse Marie Chioca explique très bien tout cela) et éviter ainsi le surplus d’épluchures et donc, le gaspillage.
4. Acheter éthique …
Finalement, on en vient toujours à la même chose … la source de nos problèmes réside essentiellement dans la grande distribution (même si certaines grandes surfaces essayent aujourd’hui de passer ce cap). Pour limiter le suremballage et le gaspillage, on peut tout simplement décider de consommer autrement et mieux. D’ailleurs, ce n’est pas au sein des supermarchés que l’on trouve les plus beaux produits …
Solutions :
- Acheter en vrac. Certaines enseignes et franchises se sont spécialisées là dedans comme Day by Day (voir mes adresses alsaciennes plus bas). Certains supermarchés commencent également à s’y mettre. Et en plus c’est moins cher ! Bah oui, le coût des emballages ôté, on ne paye que ce que l’on consomme !
- Réutiliser les bocaux, bouteilles, bidons et n’acheter que le stricte nécessaire en privilégiant les recharges. Chez Day by Day on peut même recharger ses bouteilles de shampoing ou de lessive directement au fût !
- Aller au marché ou pourquoi pas à la ferme ! … Si déjà on fait des efforts … on peut aller jusqu’au bout et décider de consommer local. Car le bilan carbone de nos aliments ça compte aussi (et c’est encore un autre sujet) …
- Acheter directement ses produits chez le boucher, le boulanger ou le primeur du coin. On en revient à des pratiques ancestrales, mais les habitudes se perdent et c’est bon de rappeler de temps en temps que ça existe ! Vous prélèverez ainsi directement vos matières premières à la source, le tout sans emballage superflus et inutiles.
- Et pourquoi pas, entretenir son propre potager … Et là on élimine tout !
- Biocoop Quai des Halles, Strasbourg
Le « zéro déchet » absolu reste une utopie, mais en respectant tous ces principes, on arrive malgré tout à bien limiter le poids des ordures ménagères hebdomadaires. Pour ce qui reste, le tri apparaît comme une nécessité.
Solutions :
- Mettre en place un système de bacs de tri : plastiques – carton – verre – et pour les plus équipés : ordures végétales – ordures ménagères
- Composter les ordures végétales (épluchures, pépins, graines …). Bon … ça ce n’est possible que si vous avez une grande terrasse ou un jardin. Ce composte pourra vous servir d’engrais.
- Ne pas négliger ce tri ! Il faut savoir que toute ordure mal triée, finit à l’incinération ou dans des zones de stockage (voir infographie ci-dessus) ce qui est très polluant. Il faut donc penser à bien ôter les couvercles des bocaux en verre que vous souhaitez jeter et bien séparer tous ces matériaux. Pensez également que le recyclage est, par ailleurs, générateur d’emplois et d’activité. Alors foncez !
En conclusion, je rappelle qu’aujourd’hui seuls 20 à 30% de nos déchets sont recyclés. Plus on en diminuera le nombre plus ce pourcentage pourra être important. La ville de Strasbourg compte réduire de 7% ses déchets dans les deux années à venir et mise sur un recyclage à 55 % d’ici 2020. Le pari est ambitieux, en attendant, je crois que c’est aussi à nous d’en prendre pleinement la mesure et d’agir selon ce qui nous paraît juste.
Alors, emballés ? ;)
Pour finir voici quelques liens et adresses pour mieux consommer à Strasbourg et dans ses environs :
Vivre Bio – Strasbourg, Marlenheim, Dorlisheim, Vendenheim
La Ruche qui dit Oui ! – Strasbourg
Coopérative Hop’la – Oberhausbergen
- Boutique Day by Day, Strasbourg
Très chouette article !!!
Pour être au top du non gaspillage, je vais encore te donner des leçons de congélation (pour les restes de plats, pour les produits frais qu’on sait qu’on ne va pas consommer tout de suite, …)
<3 Oui, il va vraiment falloir que je m'y mette ! :)
Les bouteilles consignées, le pire, c’est que ça existait avant, j’adorais aller avec ma maman mettre les bouteilles dans la machine qui nous donnait des pièces en échanges dans les supermarchés, puis ça a disparu, une grosse bêtise car ça existe aussi aux US où on peut aussi acheter des jus en vrac et quasiment tout en fait. C’est vrai qu’en France, on a un gros retard sur ce sujet, vive le suremballage… L’une des pires aberrations, l’emballage des fruits et légumes bio en supermarché! ôO Alors quand j’en vois qui emballe tous les fruits et légumes et parfois même ceux qui sont déjà emballés, je ne comprends pas… J’ai acheté le bouquin de Béa Johnson, admirative de son mode de vie (mais aux US et avec une maison, c’est déjà plus facile qu’en France en appart), il est bourré de bonnes astuces pour commencer! :-)
Hyper emballée oui, je commence aussi à me mettre au zéro déchet petit à petit et plus on en parle, plus il risque d’y avoir de nouveaux adeptes donc un grand merci pour cet article… :)
Super article :)
Oui, Oui, Oui ! Complètement d’accord ! Merci pour ce superbe article. ça fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule à me sentir concernée par tout ça ! :)